INTERVIEW
Découvrez le portrait d’Alexis Pelletier – directeur d’AlphaM.3D, filiale de construction hors site du Groupe Pelletier. Il vous présente son parcours et vous parle de la révolution de l’acte de construire à travers la construction hors site 2D/3D.
Bonjour Alexis, peux-tu te présenter ?
©Photo : C.Bouchayer
Bonjour. originaire de Chambéry, je suis le fils de Patrick Pelletier, fondateur du Groupe Pelletier installé à Méry. J’ai vu évoluer le groupe et ses entreprises ces 30 dernières années. Je me suis fait la réflexion récemment que ces sociétés sont comme mes petites sœurs : nous avons grandi ensemble. J’ai baigné donc toute ma jeunesse dans l’univers de la construction. A mes 16 ans, pendant les vacances scolaires, j’ai travaillé en tant que manœuvre sur les chantiers Barel et Pelletier. Tout cela m’a certainement influencé dans mes choix.
Après un BAC scientifique, j’ai commencé des études d’ingénieur à l’INSA de Rennes sans savoir que j’allais me diriger vers le secteur de la construction. Les 2 ans de prépa intégrée m’ont permis de découvrir le spectre large des sciences de l’ingénieur.
C’est à la fin de ces 2 années, au moment de faire le choix de spécialisation que je me suis rendu compte que c’était le monde de la construction qui me correspondait le plus. J’ai donc orienté ma formation vers le génie civil et urbain (GCU).
Durant mes études, j’ai effectué différents stages sur chantier et en bureau d’étude, en Savoie mais aussi au Brésil et au Mexique. J’ai réalisé mon stage de fin d’études à Paris en bureau d’étude spécialisé en système de transport intelligent, où j’ai développé un outil d’analyse de l’offre et de la demande en stationnement vélo en milieu urbain.
J’ai finalisé mes études par un master en management et administration des entreprises à l’IAE Savoie Mont Blanc en alternance au sein du Groupe Pelletier.
Une fois tes études terminées, que s’est-il passé pour toi ?
Du fait de ma sensibilité à la construction durable et aux nouvelles technologies, j’ai intégré le Groupe Pelletier sur plusieurs projets : développement de l’offre de rénovation énergétique (initialement appelée Green Facilities et qui désormais se nomme Transitiv) ainsi que la gestion de la transition numérique à travers des outils d’analyses/prévisions et la mise en place du BIM (Building Information Modeling).
Cet outil novateur et important pour les
« Monsieur Innovation chez Pelletier ! »
collaborateurs du groupe agit sur le commercial, la technique, l’exécution des chantiers ou encore l’exploitation simplifiée du bâtiment.
Toutes ces actions ont une vocation stratégique pour le groupe et je suis fier de voir le chemin parcouru et le résultat aujourd’hui. Je peux dire que le Groupe Pelletier a réussi sa transition numérique et énergétique. Cela nous a conduit à enclencher notre transition industrielle. Je suis un peu le « Monsieur Innovation chez Pelletier ! » (rire)
As-tu des dates importantes qui ont marqué ta carrière ?
2015 a été l’année de la création du concept de rénovation globale du Groupe Pelletier avec la marque Green Facilities, un sujet de développement commercial et technique qui a fait l’objet d’une thèse CIFRE de 2017 à 2020 avec l’université Savoie Mont Blanc.
Dès 2016, nous avons mis en place le BIM dans le groupe et commencé un projet de R&D collaboratif Moovabat avec un groupement de 4 entreprises et 1 laboratoire – avec pour objectif de proposer une offre de bâtiments technologiques (laboratoire de recherche, salles grises ou blanches…) économes en énergie, évolutifs, une mise à disposition très rapide et made in France…
C’est à cette occasion que j’ai eu un 1er contact avec la société Alpha Modules et les frères Mathelon installée à Rumilly pour la fabrication de prototypes de modules. Ce projet MOOVABAT et l’ambition de massifier les rénovations énergétiques de bâtiments en site occupé a initié notre transition industrielle vers le hors site qu’il soit 2D avec des éléments de façade préfabriqués ou 3D avec des modules.
En 2017, j’ai suivi le premier chantier Barel et Pelletier où le BIM était sollicité par une maitrise d’ouvrage externe au groupe : l’IME Camille Veyron à Bourgoin Jallieu.
En 2020, Alpha Modules intègre le Groupe Pelletier. Après un voyage à l’étranger, j’en prends la direction avec un objectif d’industrialisation et de développement de l’activité accompagné de Yves et Eric Mathelon, les fondateurs qui contribuent au développement et à la gestion opérationnelle de la société avec moi.
Enfin 2023, une grande année ! Nous avons fêté les 30 ans de Barel et Pelletier et inauguré la nouvelle usine d’AlphaM.3D (nouveau nom d’Alpha Modules).
Peux-tu nous parler des modules construits hors site ?
Dans l’usine de 3000 m² installée à Rumilly (74) et inaugurée en septembre 2023, nous sommes en capacité de produire 4 modules tout corps d’état de 15 à 19m² par jour. Ces modules sont multi-matériaux : béton, bois, métal… Les isolants et finitions sont choisis en fonction des besoins clients.
Nos modules répondent aux contraintes de nos territoires qui sont en zones de sismicité 3 et 4 (zones les plus sismiques en France métropolitaine), ainsi que les contraintes liées aux projets en montagne. Ils sont conçus pour faire des bâtiments allant jusqu’à R+4 en montagne en zone de sismicité 4. Nous pourrions donc aller plus haut en plaine dans des zones de sismicité inférieure.
A horizon 2026, nous avons pour objectif d’être en pleine capacité d’activité avec le soutien de 30 à 40 collaborateurs. Pour cela, nous sommes en train de développer notre offre catalogue avec 3 prérogatives : proposer un produit au meilleur prix (-20% par rapport au prix du marché), à faible impact environnemental et respectant les normes actuelles et à venir, et utiliser les bons matériaux au bon endroit en priorisant le bas carbone, le biosourcé ou encore le réemploi.
Enfin si je te dis : "Comment te projettes tu dans les 10 ans à venir ?"
Mon objectif est que l’activité roule et se développe. Je veux remettre de la valeur dans la conception afin de retrouver de la sérénité en exécution, une obligation pour faire du hors site. Le monde du bâtiment est un vieux monde : l’innovation est aujourd’hui incontournable. Je partage la vision de mon père sur ce point.
Nous sommes en train de participer à une révolution de l’acte de construire pour améliorer les choses à tous point de vue et c’est cela qui m’anime aujourd’hui. J’espère que dans 10 ans cette révolution sera digérée et que le hors site sera rentré dans les « mœurs ».
Merci à Alexis Pelletier de s’être prêté au jeu de l’interview réalisée en mai 2024 – V.Mulot
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